Le sel consommé aujourd’hui n’a pas toujours aromatisé les mets burundais depuis longtemps. Cet article ne citera pas beaucoup de sources, il est une invitation adressée à tout en chacun pour pouvoir l’améliorer et l’enrichir dans la mesure du possible. Le père Vekemans qui nous sert de source dans son livre Burundi Traditionnel, aperçu sur les relations familiales, n’a pas été trop exhaustif.
La conception du sel à travers la culture
Mark Kurlansky dans son livre « Salt : A World History » explique comment le sel porte des significations distinctes à travers les cultures, souvent considéré comme un symbole de pureté, d’hospitalité ou même de richesse. Par exemple, les civilisations anciennes considéraient le sel comme sacré, tandis que dans certaines cultures, le partage du sel signifie un lien ou une amitié. Ces perspectives culturelles soulignent l’importance du sel au-delà de la simple subsistance, offrant aux lecteurs un aperçu de la dépendance humaine diversifiée à l’égard de ce minéral essentiel.
Le sel au Burundi ancien.
Un des produits alimentaires rares au Burundi ancien était le sel, en témoigne le fait que parmi les produits qui faisaient objet de chantage et de corruption des Burundais pour accepter l’infiltration des blancs colonisateurs et missionnaire figurait le sel ce qui démontre sa rareté au Burundi ancien. Vekemans écrit que le sel proprement actuel n’existait pas. Le sel proprement dit n’existait pas dans le Burundi ancien. On en importait parfois des mines de sel d’Uvinza.
Les origines des produits salés au Burundi
La saumure “umushanga” obtenue en laissant macérer “umurago” dont le synonyme est “Umugonzo” et dont les tiges de cette herbe aquatique rampante sont brûlées ; les cendres sont jetées dans l’eau ; après décantation, cette eau légèrement salée était donnée, on l’obtenait aussi à partir d’un jonc d’umukangaga, sorte de carex, séché pendant plus ou moins une semaine ; le carex est alors pressé, tordu pour en extraire le jus salé. On verse cette eau salée dans la nourriture pour l’assaisonner. Un autre procédé consistait à sécher le carex pendant quinze jours ; ensuite, on le brûle et les cendres sont moulues sur un tesson ; la poudre obtenue est gardée dans une calebasse.
De surcroît, deux espèces de terre conviendraient du sel. Il s’agit du terre ocre “ingugo” et de l’Igitumba. Ce dernier était un gisement de terre salé extrait dans la vallée de la Rusizi. Les pasteurs riches faisaient en sorte que leur bétail reçoive de la terre salée deux à trois fois par mois. En moyenne, à chaque lune, on donnait du sel dans l’abreuvoir. De plus, les femmes aimaient sucer l’ingugo quand elles étaient enceintes tandis que l’autre est réservé aux vaches. Il existe aussi des sources salines ‘amabungobungo’ utilisées pour les vaches et pour cuire la nourriture.
En concluant, nous admirons le génie de nos ancêtres qui, à chaque défi, s’arrangeaient pour trouver une solution. On sait tous combien ils sont moins délicieux les aliments sans sel, nous sommes sans ignorer l’importance du sel dans la conservation des aliments avant la réfrigération. Doté d’une intuition experte en matière d’expérimentation, le Murundi ancien savait habilement assaisonner ses plats en concoctant avec attention les épices et les ingrédients tirés de son environnement immédiat.