Il y a 5 siècles environ, l’institution des bashingantahe a été introduite au Burundi en même temps que la création du Burundi, si on ose le dire ainsi. Elle constitue la société civile traditionnelle ; une institution de régulation sociale et de défense de la moralité publique. Elle a longtemps servi d’interface entre les citoyens et ses dirigeants en tant qu’une voix des sans voix, des démunis. C’est ainsi que Manirankunda Godefroid cité par Zénon Manirakiza dans son article “La justice transitionnelle pour la paix sociale” paru en 2007, a écrit que : « L’institution des bashingantahe est un cas de figure de la société civile traditionnelle : ” Les sages, respectés par toutes les couches de la population pour leur intégrité et leur loyauté. C’était l’Organisation de la Société Civile jouant le rôle d’intermédiaire entre la classe dirigeante et les collectivités locales.”
Libres, les bashingantahe détenaient en main le pouvoir judiciaire étant indépendant du législative et de l’exécutive. Ne soyez pas surpris lorsque vous entendez que ces Bashingantahe n’avaient pas peur de dénoncer les injustices même celles commises par le roi et le juger si c’était nécessaire.

Conditions d’admissibilité dans les “Bashingantahe”
Dans cet article, nous nous limiterons sur les qualités requises et le profil de celui qui devait être investi Mushingantahe. Comme l’écrit Zénon Manirakiza, voici quelques-unes des qualités caractéristiques de celui qui était jugé digne d’entrer dans la catégorie des Bashingantahe.
En deuxième lieu, un aspirant au Bushingantahe devait être un homme organisé qui sait bien gérer sa famille et dont la cohabitation avec sa femme est immaculée.
De primes abords, le postulant au Bushingantahe devait faire preuve de vérité. Un homme qui proférait des mensonges ne pouvait pas être investi Umushingantage. Il devait être impartial, s’abstenant de prendre parti pour l’un au lieu de l’autre. La neutralité, qui est différente de l’indécision était une qualité requise pour tout aspirant. La neutralité et l’impartialité consistent dans le traitement égal des acteurs en présence grâce à la vérité polyphonique que les Bashingantahe découvrent dans leurs milieux respectifs.
Un novice au Bushingantahe devait être couvert de l’admiration de l’entourage dans sa manière de vivre dans la société, un homme accueillant sans discrimination ni d’ethnie ni de provenance. Il était tenu de bannir tout ce qui pouvait séparer les gens, mais plutôt prôner l’unité et la cohésion sociale.
De surcroît, le Mushingantahe en puissance devait démontrer une capacité de discrétion. L’indiscrétion disqualifiait le postulant du fait que la fonction à laquelle il se préparait qui est celle d’écouter et trancher les litiges et les disputes dans la société, exigeait que l’on puisse être en mesure de garder le secret.
De plus, il devait être quelqu’un de pitié et de compassion. On évalue s’il n’a pas de penchants et des aversions envers certains groupes de gens au détriment des autres et qu’il peut tenir dans la vérité en fuyant toute forme de corruption et de chantage. On exigeait aussi au futur Mushingantahe la vertu de sobriété, de tempérance et de pondération dans le boire et le manger ainsi que la vertu de contrôler ses pulsions et inclination sexuelles.
Il devait en définitif, être un homme droit et intègre qui honore ses promesses et qui ne jure pas aujourd’hui pour reprendre sa parole demain. Il devait être éloquent et intelligent pouvant bien parler et savoir scruter le discours et l’analyser sans se tromper.
Un homme pareil, au comportement encré dans les mœurs et les coutumes burundais, celui-ci pouvait demander d’être intronisé Mushingantahe. Une fois sa candidature retenue, un parrain lui était donné pour l’aider et le former au Bushingantahe et au jour opportun, une cérémonie officielle d’intronisation lui était réservée et ainsi, il entrait dès ce jour en fonction d’Ubushingantahe.