Alors que de nombreux écrits coloniaux ont nié ou minimisé la capacité technique des forgerons burundais, une étude approfondie menée dans les années 1970 a révélé la richesse de la sidérurgie traditionnelle du Burundi. Loin d’être un mythe, cette pratique ancienne s’inscrit dans une culture technique et spirituelle profonde, aujourd’hui redécouverte. Cette ébauche se veut être la première partie sur la Sidérurgie au Burundi traditionnelle au Burundi. Loin d’en épuiser la richesse, le thème est un appel envers quiconque se sentirait motivé de l’enrichir et de donner la valeur à nos chers forgerons actuels qui sont moins nombreux hic et nunc. Notre seule et unique source est la revue « Culture et société » une revue du ministère de la jeunesse, des sports et de la culture parue en 1980.
Une mémoire métallurgique à réhabiliter
Pendant longtemps, la littérature occidentale sur le Burundi a véhiculé l’idée que le pays ne possédait ni minerai de fer, ni savoir-faire pour l’exploiter. Pourtant, la réalité historique et culturelle révèle un tout autre visage : celui d’un peuple capable de produire son propre fer selon des techniques ancestrales mêlant science, rituel et tradition orale. L’ouvrage « La métallurgie traditionnelle au Burundi. Techniques et croyances » (1976), co-écrit par Georges Célis et Emmanuel Nzikobanyanka, remet en lumière cette richesse longtemps méconnue ou dénigrée.
La négation coloniale du savoir-faire local
Entre 1970 et 1972, G. Célis a conduit cinq centres de fonte du fer à Musigati, Buta, Gisozi, Mukenke et Gitwenge. Trois furent des réussites, deux des échecs, dus au fait que les familles concernées n’étaient pas spécialisées. À Gisozi, l’expérience était très artificielle, le minerai ayant été importé de Mukenke alors qu’un grand gisement local existait à Kangozi. Ces reconstitutions montrent à la fois la persistance des savoirs et les fragilités dues à leur perte progressive.
Un patrimoine à revaloriser
De nombreux auteurs occidentaux ont nié l’existence d’une sidérurgie burundaise. En 1903, J.M. Van der Burgt affirmait dans son dictionnaire que « le fer n’existe pas au Burundi », et que « tout était importé ». En 1916, Hans Meyer renchérissait : « Je peux confirmer que les Barundi ne savent extraire ni fondre les minerais de fer locaux ». Ces affirmations seront reprises jusqu’en 1962 par A.A. Trouwborst, perpétuant ainsi une tradition écrite erronée, ignorant la tradition orale.
Des preuves ignorées ou minimisées
Pourtant, dès 1937, Georges Smets avait documenté deux opérations de fonte de fer dans le nord du pays, à Murutambwe et Irabiro. Ses observations ont été injustement rejetées par Georges Célis, qui aurait pourtant pu les utiliser pour enrichir ses recherches.
La sidérurgie ancienne du Burundi n’est pas une fiction : elle est l’expression d’un savoir-faire authentique, longtemps marginalisé par des récits coloniaux. L’étude de Georges Célis et Emmanuel Nzikobanyanka redonne voix à une culture matérielle profondément enracinée dans les réalités burundaises. Elle invite à une redécouverte et à une revalorisation de ce patrimoine, au croisement de la technique, de la spiritualité et de l’identité nationale. La deuxième partie de cette ébauche mettra en lumière les techniques de fontes depuis l’extraction de la matière première jusqu’à l’obtention du produit fini.
